En 1909, l'abbé Aimé Collin venant de Bay succède à l'abbé Marchal qui était resté 36 années à Leffonds (1873 1909) Le changement est important pour les paroissiens qui passent d'un prêtre casanier à un autre moderne, savant et extrêmement actif. Durant 25 ans, (1909-1933) le nouveau venu fit montre de ses qualités. C'était un technicien remarquable en horlogerie, pour les montres aussi bien que pour les grosses pendules. Il fournissait et réparait les lunettes des plus déficients oculaires. De son laboratoire-photo sont sortis les premiers portraits de nombre d'habitants. Vivant à la campagne, il se révéla également fin pêcheur, apiculteur organisé et mycologue d'expérience, revenant de ses promenades les poches remplies de champignons variés et comestibles. Mais ce qu'il préférait, c'était la recherche des truffes. A ses visiteurs, il aimait montrer sa grosse boite métallique de chocolat Poulain qu'il ouvrait en disant : "sens-moi ça". C'est là qu'il déposait les truffes qu'il était allé déterrer avec son chien spécialement dressé. Infirmier par surcroît, il faisait les piqûres, les soins, les pansements. "Il connaissait la médecine comme un médecin " disent de lui les paroissiens. Pendant la guerre, mobilisé à Vesaignes pour garder les voies de chemin de fer, il demande son détachement au service de l'hôpital temporaire n°3 logé dans la pension Sainte-Marie à Chaumont et l'obtient. Le curé Damas de Villiers-sur-Suize, réformé, vient alors à Leffonds soigner les âmes et les corps. C'est lui qui appelle les docteurs anglais du château d'Arc-en-Barrois lorsqu'un habitant est vraiment très malade.
En septembre 1914, alors qu'on entend le canon pour la bataille de la marne, le desservant des deux villages voisins et ses paroissiens font le vu d'élever une chapelle en reconnaissance à la Saint Vierge si la région n'est pas envahie. Vu exaucé ! En 1921, une chapelle est construite à la limite des deux villages. Elle est couronnée d'une statue de la Vierge en métal bronzé, travail remarquable sorti des ateliers du Val d'Osne. Par la suite, début septembre, chaque année une procession a lieu en cet endroit en l'honneur de Notre Dame de Bonne Garde. On s'y rend en partant de l'église en chantant et en portant des statues de saints et des bannières. Depuis un office religieux est organisé tous les ans à la même époque.
L'abbé Tessanne lui a succédé et il a laissé une trace indélébile de son long séjour à Leffonds (1934 1989)
Il aimait plaisanter le brave curé Tessanne, dit Adrien. Il était né le 04/12/1908 à Varennes-sur-Amance (52). Rare étaient ceux, qui passant à Leffonds, n'allaient pas lui rendre une visite de courtoisie qui durait longtemps. Il est vrai que l'érudition qu'il possédait en aidait plus d'un à s'y retrouver dans l'histoire du pays. Pour les gens de presse intéressés par l'histoire, c'était un passage incontournable. Ainsi, au fil du temps, le brave homme d'Eglise devint davantage un ami qu'un interlocuteur. C'est ainsi, qu'au hasard des reportages au demeurant difficiles, voire des anecdotes qui illustraient le fond d'un article, notre "Don Camillo" se levait-il, nous chapeautait-il avec cette phrase « on va arranger ça". Car, c'est qu'il s'y connaissait dans l'art de la diplomatie, pour toujours avec cette chaleur qui lui était propre, arranger les petites histoires qui opposaient ses "brebis". "Depuis le temps que je les connais..." bougonnait-il. Il est vrai que le curé Tessanne restera longtemps l'homme d'église qui restera le plus fidèle à sa paroisse, 55 ans à Leffonds. Il chapeautait d'ailleurs 6 villages et tenait personnellement à enseigner lui-même le catéchisme. Des sermons, bien ciblés quelquefois, pour rappeler le bon chemin, chacun en appréciait son contenu, ou pas
pouvant se sentir concerné. « L'alambic « du curé » qui servait aux bouilleurs de cru, il y tenait, il en fut fort attristé lorsque l'appareil en fin de course fut détruit, écrasé par un inspecteur des douanes. Il était adhérent au syndicat des bouilleurs de cru du village. Il apportait sa quote-part en achetant son timbre, et d'ailleurs lorsqu'il vous recevait il ne vous laissait pas partir sans vous avoir proposer un petit coup de gnole. Il participa à l'achat de l'appareil actuel, propriété du syndicat mis en place en 1984. Il est parti en 1989 à l'âge de 81 ans. On comprend que longtemps encore on évoquera le demi-siècle du Père Tessanne qui baptisa, communia et maria tout le village
Depuis, le nombre de prêtres a chuté énormément. Les diocèses font face à une crise des vocations. Les prêtres sont de moins en moins nombreux à souhaiter rejoindre les rangs de l'Église. Et les messes dominicales ont déserté encore plus les villages. Et pourtant certains ont marqué leur empreinte de leur passage.
Aujourd'hui le père Bernard Auvigne, 60 ans de sacerdoce, officie pour la paroisse de Notre Dame de Montrot. C'est encore lui qui dit les messes en l'église Saint-Denis de Leffonds.